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Argent trop cher ?
Argent trop cher ?
La valse élancée des
billets doux donne le tournis à Bernard Tapie en ce bel été 2013. Le manège
désenchanté des gros dossiers impliquant l'homme d'affaires le plus scruté du
pays, lui fait tourner la tête et par-dessus le marché, aspire à lui vider son
compte en banque bien fourni. La justice collée à ses basques a demandé la
saisie de ses biens personnels et non des moindres: deux assurances-vie d’un
montant impressionnant de 45 millions d’euros, les parts sociales de son hôtel
particulier parisien de la rue des Saints-Pères (69 millions d’euros), la villa
«Mandala» à Saint Tropez acquise pour la bagatelle de 48 millions d’euros. Après l’affaire du
Phocéa, son navire pécuniaire prend l’eau. Pourquoi tant d’acharnement
envers notre businessman à la gouaille d’un boucher de province qui joue avec
les sociétés en faillite comme un enfant de six ans au Monopoly? Petite piqûre
de rappel pour comprendre les faits. En juillet 1990, le groupe Tapie se porte
acquéreur d’Adidas auprès des sœurs Dassler, héritières du fondateur de la
marque aux trois bandes. En 1992, François Mitterrand demande gentiment à
Nanard combinard devenu Ministre de la ville de vendre la célèbre firme afin
d’éviter tout conflit d’intérêt. C’est alors que le nouveau membre du
gouvernement socialiste fait appel à sa banque Le Crédit Lyonnais pour
s’occuper du bébé. Mais cette dernière reniflant le bon plan, s’est bien gardée
de dévoiler toute la somme perçue de la vente réalisée. Pas folle la guêpe!
Nanard aussi avare que roublard fonce dans le lard pour réclamer sa part. Aussitôt
dit, aussitôt pas docile, il fit un procès à sa banque. Le juge arbitre Estoup
chargé de trancher objectivement dans le biftek a donné raison à Monsieur
Tapie. Or, ce juge connaissait bien Maître Lantourne, avocat de
l’intéressé. De prime abord, ça sent l'entourloupe. A l’issue du procès, le
chanceux savoure un pactole de 405 millions d’euros après vingt ans de
procédure. En matière de sexe ou de petite monnaie, quand c'est long, c'est
bon. Accusant Nanard d’avoir traficoté pour obtenir gain de cause, l’Etat s’en
est mêlé. Evidemment, le Crédit Lyonnais lui appartient à moitié. Alors qui dit
pognon, dit impôts. Et vice versa. Dans le jargon judicaire, on appelle ça une
escroquerie en bande organisée. Même à trois. Décidément, Tapie n’est pas
chanceux avec les arbitrages. Un autre scandale qui déclenche en 1993 un tollé monumental dans le milieu du football (Affaire VA-OM) montre le talent de cet
homme pour la corruption et le jardinage (ou comment une enveloppe garnie joue
à cache-cache dans un jardin). En football ou en affaires, Nanard sait y faire.
Récemment, il aurait tenté de faire jouer certaines relations à TF1 pour donner
un bon coup de pouce à sa fille Sophie, candidate malheureuse dans l’émission
«The Voice». Qui ne tente rien n'a rien. Ne faut-il pas
"battle" le fer tant qu'il est chaud? Le directeur du casting aurait
démenti cette honteuse rumeur. A cause de sa mauvaise réputation, on ne sait
plus si c’est du lard ou du cochon. Malgré toutes ces histoires de gros sous et d'escroqueries mesquines,
je suis persuadé que l’ex chanteur, acteur, arnaqueur, businessman cambrioleur
saura rebondir ici et ailleurs. A l’heure où le classement des plus grosses
fortunes françaises s’exhibe sur le net, je me pose cette question ancestrale
sur ce moyen d'échange aux dérives excessives. L’argent est-il devenu trop
cher? Quoiqu'on en pense, l'avis n'a pas de prix.
Hervé Gaudin.
Hervé Gaudin.