mercredi 10 juillet 2013

L'affaire est dans le sacre


©express.fr

Argent trop cher ?
La valse élancée des billets doux donne le tournis à Bernard Tapie en ce bel été 2013. Le manège désenchanté des gros dossiers impliquant l'homme d'affaires le plus scruté du pays, lui fait tourner la tête et par-dessus le marché, aspire à lui vider son compte en banque bien fourni. La justice collée à ses basques a demandé la saisie de ses biens personnels et non des moindres: deux assurances-vie d’un montant impressionnant de 45 millions d’euros, les parts sociales de son hôtel particulier parisien de la rue des Saints-Pères (69 millions d’euros), la villa «Mandala» à Saint Tropez acquise pour la bagatelle de 48 millions d’euros. Après l’affaire du Phocéa, son navire pécuniaire prend l’eau. Pourquoi tant d’acharnement envers notre businessman à la gouaille d’un boucher de province qui joue avec les sociétés en faillite comme un enfant de six ans au Monopoly? Petite piqûre de rappel pour comprendre les faits. En juillet 1990, le groupe Tapie se porte acquéreur d’Adidas auprès des sœurs Dassler, héritières du fondateur de la marque aux trois bandes. En 1992, François Mitterrand demande gentiment à Nanard combinard devenu Ministre de la ville de vendre la célèbre firme afin d’éviter tout conflit d’intérêt. C’est alors que le nouveau membre du gouvernement socialiste fait appel à sa banque Le Crédit Lyonnais pour s’occuper du bébé. Mais cette dernière reniflant le bon plan, s’est bien gardée de dévoiler toute la somme perçue de la vente réalisée. Pas folle la guêpe! Nanard aussi avare que roublard fonce dans le lard pour réclamer sa part. Aussitôt dit, aussitôt pas docile, il fit un procès à sa banque. Le juge arbitre Estoup chargé de trancher objectivement dans le biftek a donné raison à Monsieur Tapie. Or, ce juge connaissait bien Maître Lantourne, avocat de l’intéressé. De prime abord, ça sent l'entourloupe. A l’issue du procès, le chanceux savoure un pactole de 405 millions d’euros après vingt ans de procédure. En matière de sexe ou de petite monnaie, quand c'est long, c'est bon. Accusant Nanard d’avoir traficoté pour obtenir gain de cause, l’Etat s’en est mêlé. Evidemment, le Crédit Lyonnais lui appartient à moitié. Alors qui dit pognon, dit impôts. Et vice versa. Dans le jargon judicaire, on appelle ça une escroquerie en bande organisée. Même à trois. Décidément, Tapie n’est pas chanceux avec les arbitrages. Un autre scandale qui déclenche en 1993 un tollé monumental dans le milieu du football (Affaire VA-OM) montre le talent de cet homme pour la corruption et le jardinage (ou comment une enveloppe garnie joue à cache-cache dans un jardin). En football ou en affaires, Nanard sait y faire. Récemment, il aurait tenté de faire jouer certaines relations à TF1 pour donner un bon coup de pouce à sa fille Sophie, candidate malheureuse dans l’émission «The Voice». Qui ne tente rien n'a rien. Ne faut-il pas "battle" le fer tant qu'il est chaud? Le directeur du casting aurait démenti cette honteuse rumeur. A cause de sa mauvaise réputation, on ne sait plus si c’est du lard ou du cochon. Malgré toutes ces histoires de gros sous et d'escroqueries mesquines, je suis persuadé que l’ex chanteur, acteur, arnaqueur, businessman cambrioleur saura rebondir ici et ailleurs. A l’heure où le classement des plus grosses fortunes françaises s’exhibe sur le net, je me pose cette question ancestrale sur ce moyen d'échange aux dérives excessives. L’argent est-il devenu trop cher? Quoiqu'on en pense, l'avis n'a pas de prix.

Hervé Gaudin.