La piste sans étoiles
En piste ça glisse mais pas forcément au
pays des merveilles. Critiquée sur les réseaux sociaux, la nouvelle
télé-réalité de M6 n'a pas gelé les doutes fondés dès le départ. Malgré un
décor sympa, coloré, moins froid que nos patinoires humides en île-de-France,
le spectacle s'est essoufflé très rapidement. Le concept honteusement copié sur "Danse avec les stars" a fort mal débuté suite au forfait de Marion Bartoli remplacée au pied
levé par Tatiania Golovin, blessée par malchance pendant les entraînements.
Se sont ajoutés les déboires physiques de Merwan Rim qui a tâté du hockey durant sa
jeunesse et Norbert Tarayre bien plus à l'aise devant les fourneaux que sur un
salchow. Ces pépins express ont
bien entaillé l'image fragilisée du programme.
Sur la forme proprement dite, copier
c'est bien mais coller c'est mieux. La danse de salon ne ressemble pas au patinage
artistique. Ce sport devient beau lorsqu'il est bien pratiqué. Regarder des
novices se dandiner à chaque pas hésitant s'avère ennuyeux. La marche de l'empereur se savoure davantage sur une banquise. Outre une technicité
à part entière, évoluer seul ou à deux sur la glace demande un équilibre
incroyable, un travail éreintant et par-dessus tout, une dévotion absolue pour
cette matière insensée qui fout la trouille.
Parmi les coaches, Philippe Candeloro,
figure emblématique de ce sport tire son épingle du jeu. Grace à sa bonhomie,
ses connaissances pointues, son humour potache et sa mauvaise foi, il emballe le public à chaque intervention. Le costume lui sied à merveille. Et pourquoi
ne pas avoir tenté de le propulser au rang de présentateur? Même si le sourire
charmeur de Stéphane Rotenberg enchante la ménagère de moins de 50 ans, il se
perd un peu dans des commentaires interminables à chaque prestation.
En arrière plan, un jury silencieusement
suspect se contente de voter. Après l'école des fans, voici l'école des fanés ou la renaissance ponctuelle de vieilles gloires oubliées. Certains font la tronche, d'autres affichent un sourire crispé. Ça ressemble vraiment à la réalité.
Sous les spotlights, Clara Morgane reine
de la cabriole dans des films inavouables s'est montrée gracieuse dans un rôle
de voltigeuse. Trois secondes de glisse ne parviennent pas à me
convaincre. D'emblée ma préférence se porte pour sur Florent Torres,
impressionnant de facilité. Quand on a joué dans la comédie musicale Dracula,
rien de plus normal que de garder son sang froid.
Kenza Farah paralysée par l'ampleur de
la tâche affiche un potentiel prometteur. Pour cela, elle devra accepter
l'approche tactile en couple et surmonter sa peur. Sinon, c'est la gamelle dans
tous les sens du terme.
Les spécialistes émérites sont probablement
restés de glace devant leur écran plasma car l'émotion n'est palpable à aucun
moment. La chanson "Femmes je vous aime" interprété par le cuisto
rigolo ne m'a pas donné la lame à l'œil. Trop de raideur ne font battre le
cœur.
Ce programme un tantinet improvisé s'avère au final beaucoup trop long. En plus, on doit se coltiner des "after".
On y raconte les coulisses souvent anodines, les fous rires, les pleurnicheries
et les enfantillages. Tatiana Golovin sous la douche me paraîtrait bien plus reluisant.
Enfin, Surya Bonaly faussement sévère et Gwendal Peizerat trop lisse n'ont guère pesé sur la balance. Leur présence manquait simplement de mordant. J'ai détesté voir Sarah Abitbol éliminer
son élève. Pourquoi ne pas se contenter du vote du public ou du trucage avancé?
Le concept bâclé gagnerait à être corrigé en y ajoutant des défis et en supprimant les ballets inutiles sans toutefois transformer le programme en Intervilles pour débiles boiteux.
Les meilleurs devraient logiquement
évoluer jusqu'au bout de l'ennui. À moins que le miracle se produise.
En attendant, Ice show devant!
Hervé Gaudin