vendredi 29 novembre 2013

L'âge de glace



La piste sans étoiles

En piste ça glisse mais pas forcément au pays des merveilles. Critiquée sur les réseaux sociaux, la nouvelle télé-réalité de M6 n'a pas gelé les doutes fondés dès le départ. Malgré un décor sympa, coloré, moins froid que nos patinoires humides en île-de-France, le spectacle s'est essoufflé très rapidement. Le concept honteusement copié sur "Danse avec les stars" a fort mal débuté suite au forfait de Marion Bartoli remplacée au pied levé par Tatiania Golovin, blessée par malchance pendant les entraînements. Se sont ajoutés les déboires physiques de Merwan Rim qui a tâté du hockey durant sa jeunesse et Norbert Tarayre bien plus à l'aise devant les fourneaux que sur un salchow. Ces pépins express ont  bien entaillé l'image fragilisée du programme.
Sur la forme proprement dite, copier c'est bien mais coller c'est mieux. La danse de salon ne ressemble pas au patinage artistique. Ce sport devient beau lorsqu'il est bien pratiqué. Regarder des novices se dandiner à chaque pas hésitant s'avère ennuyeux. La marche de l'empereur se savoure davantage sur une banquise. Outre une technicité à part entière, évoluer seul ou à deux sur la glace demande un équilibre incroyable, un travail éreintant et par-dessus tout, une dévotion absolue pour cette matière insensée qui fout la trouille.
Parmi les coaches, Philippe Candeloro, figure emblématique de ce sport tire son épingle du jeu. Grace à sa bonhomie, ses connaissances pointues, son humour potache et sa mauvaise foi, il emballe le public à chaque intervention. Le costume lui sied à merveille. Et pourquoi ne pas avoir tenté de le propulser au rang de présentateur? Même si le sourire charmeur de Stéphane Rotenberg enchante la ménagère de moins de 50 ans, il se perd un peu dans des commentaires interminables à chaque prestation.
En arrière plan, un jury silencieusement suspect se contente de voter. Après l'école des fans, voici l'école des fanés ou la renaissance ponctuelle de vieilles gloires oubliées. Certains font la tronche, d'autres affichent un sourire crispé. Ça ressemble vraiment à la réalité.
Sous les spotlights, Clara Morgane reine de la cabriole dans des films inavouables s'est montrée gracieuse dans un rôle de voltigeuse. Trois secondes de glisse ne parviennent pas à me convaincre. D'emblée ma préférence se porte pour sur Florent Torres, impressionnant de facilité. Quand on a joué dans la comédie musicale Dracula, rien de plus normal que de garder son sang froid.
Kenza Farah paralysée par l'ampleur de la tâche affiche un potentiel prometteur. Pour cela, elle devra accepter l'approche tactile en couple et surmonter sa peur. Sinon, c'est la gamelle dans tous les sens du terme.
Les spécialistes émérites sont probablement restés de glace devant leur écran plasma car l'émotion n'est palpable à aucun moment. La chanson "Femmes je vous aime" interprété par le cuisto rigolo ne m'a pas donné la lame à l'œil. Trop de raideur ne font battre le cœur.
Ce programme un tantinet improvisé s'avère au final beaucoup trop long. En plus, on doit se coltiner des "after". On y raconte les coulisses souvent anodines, les fous rires, les pleurnicheries et les enfantillages. Tatiana Golovin sous la douche me paraîtrait bien plus reluisant.
Enfin, Surya Bonaly faussement sévère et Gwendal Peizerat trop lisse n'ont guère pesé sur la balance. Leur présence manquait simplement de mordant. J'ai détesté voir Sarah Abitbol éliminer son élève. Pourquoi ne pas se contenter du vote du public ou du trucage avancé?
Le concept bâclé gagnerait à être corrigé  en y ajoutant des défis et en supprimant les ballets inutiles sans toutefois transformer le programme en Intervilles pour débiles boiteux.
Les meilleurs devraient logiquement évoluer jusqu'au bout de l'ennui. À moins que le miracle se produise.
En attendant, Ice show devant!

Hervé Gaudin

mardi 19 novembre 2013

Jusqu'au bout du rêve



Pourquoi le Brésil?

Si le titre du roman de Christine Angot m’inspire une réflexion mûrie depuis mon esprit vif et sportif, ce n’est certainement pas le fruit du hasard.
L’équipe de France bafouée en terre ukrainienne devra se racheter bien plus qu’une conduite de balle pour espérer s’envoler vers le pays de la samba, de Gilberto Gil et du Christ de Corcovado. Alors voilà, pourquoi le Brésil? Nos bleus éclaboussés par la fuite honteuse de leur responsabilité en Afrique du Sud et par un match à oublier vendredi dernier, devront sortir l’artillerie lourde afin d’évincer les doutes persistants sur leur envie viscérale de se qualifier pour la plus glorieuse des compétitions. Nous rêvons tous de cet exploit salvateur, du moment parfumé aux essences de sueur et de terre, de ces trois ballons plantés au fin fond des filets adverses. Cependant, la majorité de nos compatriotes condamnent le manque de ferveur patriotique au sein de cette sélection et pour le coup se satisferont d’une défaite tricolore. Selon eux, nos Bleus ne méritent pas de représenter notre pays en Coupe du Monde. Les spécialistes accoudés au bar PMU du coin reprochent aux joueurs de mépriser l’hymne tandis que nos rugbymen s’égosillent fièrement à Eden Park ou dans l’enceinte de Twickenham. Le monde de l’ovalie regorge de vrais supporters, d’hommes, de femmes et d’enfants qui froissent leurs drapeaux dans la victoire et la défaite. A chaque rencontre, ils se saluent, se congratulent, chantent et pleurent ensemble. Peu importe l’issue d’un match, l’important est d’être là. Nos footballeurs auront à cœur de défendre leurs couleurs à domicile. J’en suis convaincu. Ne laissons pas le temps effacer les bons souvenirs, ne laissons pas les remords envahir nos esprits abattus par un regrettable épilogue, ne laissons pas l’amertume baigner dans nos veines. Dans les tribunes et sur le terrain, formons nos bataillons. Levons nous et marchons tout droit vers un but commun: l’honneur.
Alors pourquoi le Brésil? Tout simplement parce que nous sommes fiers d’être français.

Hervé Gaudin.

mercredi 9 octobre 2013

Une boulette extraordinaire



Cloclo sauvé des eaux?

La pendule de l’entrée s’est arrêtée sur midi mais l’horloge du temps s’est brisée dans les fichiers internes de la Générale des Eaux. En effet, les nouveaux propriétaires du fameux Moulin de Dannemois (91) ont reçu un courrier quelque peu inattendu à l’attention de Claude François l’invitant à vérifier les canalisations de sa maison.
Sacrebleu! Ne savaient-ils pas que le chanteur à paillettes et aux cols pelle à tarte étrenne ses oripeaux au paradis des chanteurs tragiquement disparus depuis le 11 mars 1978? Si les gestionnaires fonctionnent encore au Minitel, le 3615 code Alexandrie a disparu dans les profondeurs des mises à jour au même titre que Lizzy Mercier-Descloux, condamnée à se demander où sont passées les gazelles?
Cette bourde administrative prête à sourire mais les fans inconditionnels fort bien conditionnés ne partagent pas cet avis. Scandalisés, ils ont brandi un étendard de contestation sur leurs réseaux sociaux tel le drapeau noir lacéré d’un drakkar viking bravant les tempêtes ravageuses sur les eaux sombres de la mer Baltique. A l’abordage contre le sabordage de sa mémoire injuriée! Si l’EDF avait convié notre Cloclo national à changer de place l’ampoule de la salle de bain, nous aurions atteint les cimes de l’opprobre.
Dans le jeu des gaffes imaginaires, une prospection téléphonique au domicile de Mike Brant vanterait les effets bénéfiques d’un double vitrage. Joëlle du groupe « il était une fois » disparue en 1982 dans des vapeurs toxicomanes, recevrait un prospectus publicitaire des nouveaux matelas moelleux de la marque Bultex. Pour ceux qui ont trop souvent rêvé d’elle, sachez que l’artiste dort profondément depuis trente longues années. Pire encore, Weight Watchers convierait Carlos à un séminaire sur les déjeuners sur le pouce.
Ce billet d’humour noir me rappelle de prévenir mon opérateur téléphonique au cas où je passerai l’arme à gauche avant de changer mon forfait mobile. Pour le moment, je compte vous délecter de mes chroniques en illimité, en France métropolitaine et à l’étranger. Un jour, mon compte  fermera à  double tour et à l’image des groupies de Claude François, j’espère que vous ne m’oublierez pas.


Hervé Gaudin.

mardi 1 octobre 2013

Chronique d'un enlèvement annoncé


Le crime aux deux visages
À l'annonce des aveux au compte-gouttes du meurtre de la petite Fiona, l'opinion publique s'est rapidement déchainée. Sur les réseaux sociaux se sont déversées des rivières de haine contrastant avec les nombreux messages de compassion. Dès lors, les hommages mielleux ont rapidement tourné au vinaigre. Successivement, éclosent sous nos yeux des épitaphes détestables  comme des exécutions expéditives à l’encontre de Cécile Bourgeon et de son compagnon Berkane Maklouf.
L’émotion cadencée de la mère a bouleversé l’opinion publique qui, blessée dans sa chair, s’est sentie trahie. Alors, elle attaque en toute imprudence. Puis, les moutons de Panurge n’ont pris le recul nécessaire en se jetant à cœurs perdus dans des phrases assassines. La guillotine aiguisée fît un retour peu glorieux. Assez! Le temps des bourreaux cagoulés n'a plus raison d’exister. Toute cette incitation  à la violence fait réfléchir aux dégâts collatéraux que peuvent causer des publications hâtives, irréfléchies, stupides. On ne badine pas avec la mort mais n’oublions pas que la justice ne plaisante pas non plus avec des publications pénalement délictuelles. La peine encourue est de 5000 euros d'amende et cinq ans d'emprisonnement pour l'auteur d'une publication outrancière. De la corde de pendaison au lit sanglé du condamné à mort, l'odeur macabre de la peine capitale fait froid dans le dos. Laissons la justice faire son travail.
Même si l'indignation de mes compatriotes se fond dans la légitimité, ne devenons pas à notre tour les juges d'une affaire qui nous dépassera forcément. La loi du talion ne connaît aucune limite alors imposons nous des règles morales avant que la vengeance gangrène nos rues sans toutefois renier la barbarie innommable qu’a subi l’enfant. Le procès aura lieu de toute façon. Laissons donc Fiona se reposer en paix loin de l'acharnement physique de son beau-père, des déclarations ambigües, de cette sauvagerie contemporaine. Gardons en mémoire le sourire naturel de cette fillette innocente qui devient malgré elle la marionnette articulée entre la culpabilité des parents et les justiciers de pacotille. Martin Luther King avait raison: "la race humaine doit sortir des conflits en rejetant la vengeance, l'agression et l'esprit de revanche. Le moyen d'en sortir est l'amour."
Hervé Gaudin

vendredi 27 septembre 2013

Ma première publication!


La main à la patte

Par le plus heureux des hasards, j’étais de passage à Ydes Bourg, village cantalien ancré dans une campagne luxuriante et aux parfums végétaliens enivrants. Un musée aussi étonnant qu’instructif m’a ouvert généreusement ses portes. J’y ai trouvé des espèces rares d’insectes importés des quatre coins du globe (plus de 3500 spécimens au total). C’est un voyage initiatique au cœur de l’entomologie (science des insectes) que je vous invite à découvrir grâce aux connaissances de Jérôme Trombetta et à la ferveur patrimoniale de Jean-Claude Saisset. En parfaite harmonie, ils ont à cœur de préserver l’ouvrage de Monsieur Pierre Lachiver qui ouvrit ce lieu en 1984.
Une diversité liée à un travail méticuleux.
Les amateurs de papillons multicolores se plairont à trouver la perle rare. De la plus petite espèce à la plus grande, les enfants adopteront leurs formes nuancées. Malgré nos tempéraments phobiques, les scorpions soigneusement figés dans leur cadre de verre ne piquent pas et la mygale semble presque amicale. Par conséquent, vous ne craignez rien à part le plaisir de passer un bon moment à la découverte des phasmes d'Indonésie ou des criquets géants d’Amérique du sud. D’un point de vue technique, les normes de conservation respectent toutes les règles établies. Monsieur Trombetta s’inspire du métier de taxidermiste en ce qui concerne les gros insectes. Son travail minutieux consiste à vider, nettoyer puis redonner une forme originelle aux troncs. Concernant les lépidoptères, il prône un étalage classique. L’usage du papier cristal s'avère primordial à la bonne conservation des ailes. La fragilité des antennes requiert également une attention particulière. Le matériel choisi se compose d’aiguilles entomologiques sélectionnées en fonction de la taille de l'espèce ainsi que de produits de conservation comme  des pastilles dérivées de la naphtaline (pour les lépidoptères), le créosote de hêtre, l'essence de thym ou de lavande. Ces huiles concentrées assurent la prévention contre les larves d’anthrène qui dévorent le corps des insectes. Dès lors, nous comprenons aisément le temps imparti à l'élaboration des présentoirs.
Nature et découvertes
Des fiches explicatives très accessibles sont disponibles lors de la visite. La présentation des cadres respecte un schéma précis selon les continents, la localisation et l’environnement. L’Europe et le reste du monde y sont clairement représentés. Des projets d’intronisation d’espèces vivantes ainsi que des partenariats avec des écoles sont à l’étude dans le cadre d'une initiation éducative. Soucieux de l’image négative renvoyée par leur aspect, Monsieur Trombetta souhaite instaurer des boîtes d’insectes utiles à notre quotidien sans toutefois faire oublier les vrais nuisibles. Au cœur de ce site accessible aux personnes à mobilité réduite, cette riche collection s’inspire de notre monde qui regorge d’individus admirables. Que ce soit avec les yeux ou le cœur, il ne vous reste plus qu’à le cueillir.

Hervé Gaudin.

mercredi 14 août 2013

Accords parfaits


La voix du cœur
L’été cantalien aux errances contemplatives se pose un instant en l’Eglise Saint-Georges d’Ydes bourg dans un élan purement altruiste. En ce dimanche 18 août 2013 à 18h, Chloé Bourdial, soprano et Nicolas Saunière, organiste médaillé, unissent leur talent respectif pour les Virades de l’Espoir 2013. Honorés d’apporter un souffle à ceux qui en manquent, ils ont à cœur de défendre cette grande cause dans une parfaite harmonie musicale. Dans un lieu sacré où le recueillement s’impose, je vous invite à découvrir la voix de cette jeune étudiante du conservatoire d’Aurillac épouser merveilleusement les notes frémissantes d’un répertoire soigneusement étudié. Au cœur d’un récital classique, vous trouverez l’esprit baroque de l’œuvre enjouée de Vivaldi, la religiosité jubilatoire d’Händel ou le génie mélodique de Bellini. D’autres compositeurs ajouteront une dimension spirituelle à ce duo véritablement authentique.
Au terme de ce concert unique, tous les fonds récoltés aideront les enfants atteints de la mucoviscidose. Que les néophytes ou les amoureux de la grande musique se réunissent dans cet édifice du XII siècle en imaginant que la maladie s'arrête le temps d'une cantate imaginaire.

Hervé Gaudin.

vendredi 2 août 2013

Mystère et Boule de gomme


Fort braillard
En cette période caniculaire, les esprits s’échauffent. Précisément sur la longe de Boyard où ça ne va pas très fort. La Boule (Yves Marchesseau à la ville), célèbre geôlier de l’émission phare de France 2 a le moral à zéro. Selon ses propos tenus récemment dans les colonnes du quotidien Sud-Ouest, il déplore les conditions de tournage assimilées à du travail d’usine. Les enregistrements s'enchaînent tandis que les critiques se déchaînent. Probablement fatigué entre deux coups de gong tonitruants, il persiste et signe en catapultant un boulet de canon en plein visage de Jean-Pierre Castaldi qui anima le jeu estival entre 2000 et 2002 lui reprochant notamment d’avoir fait couler l’audience. Grande gueule en dehors comme en dedans, Castaldi castagne à son tour. A son époque déjà révolue, il défend une audience bien plus élevée que les chiffres actuels (environ 29% de parts de marché contre 17,5% aujourd’hui) et se demande si son accusateur ne serait pas en train de perdre la boule. Après vingt ans de routine, nous pouvons aisément comprendre la lassitude de ce gardien prisonnier - à son tour - de ce rôle ingrat. Sans parler de son physique atypique beaucoup plus effrayant que les bébêtes poilues, grimpantes ou visqueuses des épreuves effroyables, il craint à son tour de passer à la trappe comme son copain Passe-Temps remercié en 2010. Ceci dit, la Boule ne bulle pas hors antenne. Accompagné de son acolyte Passe-Muraille, il fait la promotion des produits régionaux dans les supermarchés. Gras comme un cochon, je l’imagine vanter la saveur poivrée d’un saucisson d’âne ou le savoir-faire d’une terrine forestière aux cèpes. Croisons les doigts pour le maton le plus sympathique de la télévision et souhaitons lui des lendemains moins ronchons. Que sa rancune cathodique plonge à jamais dans les profondeurs de l’océan où gisent quelques indices irrécupérables. Au fil du temps, l’émission a perdu de sa superbe. Les épreuves deviennent très (ou trop) difficiles voire inadéquates au concept dit historique. Qui a eu l’idée saugrenue de la cellule interactive? On se croirait dans un jeu vidéo vintage aux graphismes similaires à Space Invaders. Sur un échiquier électronique, les candidats triés au volet, écrasent des araignées virtuelles pour sortir une clef rouillée. Moderne mais grotesque! Je cuisine à ma manière Willy Rovelli qui distribue des makis aux yeux de saumon ou des rollmops aux testicules de bouc sans oublier de nous gaver avec ses mauvais jeux de mots. Rien de bien difficile: tu gobes, tu avales, tu grimaces d’une manière écœurée et tu empoches une nouvelle clef. Enfin, la lutte impossible avec Mister Boo suscite un intérêt en dessous de zéro. A part John Cena ou Triple H*, qui peut humilier le colosse en le roulant dans une boue épaisse? Attaché à la gériatrie audiovisuelle, je préfère le père Fouras toujours loquace et tellement efficace. L’émission finira un jour ou l'autre par s’essouffler contre vents et marées. Les vagues déferlantes qui s’abattent sur ce vaisseau de pierre paraissent moins dangereuses que les scandales de bas étage. Et malgré les querelles de passerelle, au fort Boyard, ça ressemblerait presque à la vie de château.
Hervé Gaudin.

* John Cena et Triple H sont des stars de la WWE (catch américain).


mercredi 10 juillet 2013

L'affaire est dans le sacre


©express.fr

Argent trop cher ?
La valse élancée des billets doux donne le tournis à Bernard Tapie en ce bel été 2013. Le manège désenchanté des gros dossiers impliquant l'homme d'affaires le plus scruté du pays, lui fait tourner la tête et par-dessus le marché, aspire à lui vider son compte en banque bien fourni. La justice collée à ses basques a demandé la saisie de ses biens personnels et non des moindres: deux assurances-vie d’un montant impressionnant de 45 millions d’euros, les parts sociales de son hôtel particulier parisien de la rue des Saints-Pères (69 millions d’euros), la villa «Mandala» à Saint Tropez acquise pour la bagatelle de 48 millions d’euros. Après l’affaire du Phocéa, son navire pécuniaire prend l’eau. Pourquoi tant d’acharnement envers notre businessman à la gouaille d’un boucher de province qui joue avec les sociétés en faillite comme un enfant de six ans au Monopoly? Petite piqûre de rappel pour comprendre les faits. En juillet 1990, le groupe Tapie se porte acquéreur d’Adidas auprès des sœurs Dassler, héritières du fondateur de la marque aux trois bandes. En 1992, François Mitterrand demande gentiment à Nanard combinard devenu Ministre de la ville de vendre la célèbre firme afin d’éviter tout conflit d’intérêt. C’est alors que le nouveau membre du gouvernement socialiste fait appel à sa banque Le Crédit Lyonnais pour s’occuper du bébé. Mais cette dernière reniflant le bon plan, s’est bien gardée de dévoiler toute la somme perçue de la vente réalisée. Pas folle la guêpe! Nanard aussi avare que roublard fonce dans le lard pour réclamer sa part. Aussitôt dit, aussitôt pas docile, il fit un procès à sa banque. Le juge arbitre Estoup chargé de trancher objectivement dans le biftek a donné raison à Monsieur Tapie. Or, ce juge connaissait bien Maître Lantourne, avocat de l’intéressé. De prime abord, ça sent l'entourloupe. A l’issue du procès, le chanceux savoure un pactole de 405 millions d’euros après vingt ans de procédure. En matière de sexe ou de petite monnaie, quand c'est long, c'est bon. Accusant Nanard d’avoir traficoté pour obtenir gain de cause, l’Etat s’en est mêlé. Evidemment, le Crédit Lyonnais lui appartient à moitié. Alors qui dit pognon, dit impôts. Et vice versa. Dans le jargon judicaire, on appelle ça une escroquerie en bande organisée. Même à trois. Décidément, Tapie n’est pas chanceux avec les arbitrages. Un autre scandale qui déclenche en 1993 un tollé monumental dans le milieu du football (Affaire VA-OM) montre le talent de cet homme pour la corruption et le jardinage (ou comment une enveloppe garnie joue à cache-cache dans un jardin). En football ou en affaires, Nanard sait y faire. Récemment, il aurait tenté de faire jouer certaines relations à TF1 pour donner un bon coup de pouce à sa fille Sophie, candidate malheureuse dans l’émission «The Voice». Qui ne tente rien n'a rien. Ne faut-il pas "battle" le fer tant qu'il est chaud? Le directeur du casting aurait démenti cette honteuse rumeur. A cause de sa mauvaise réputation, on ne sait plus si c’est du lard ou du cochon. Malgré toutes ces histoires de gros sous et d'escroqueries mesquines, je suis persuadé que l’ex chanteur, acteur, arnaqueur, businessman cambrioleur saura rebondir ici et ailleurs. A l’heure où le classement des plus grosses fortunes françaises s’exhibe sur le net, je me pose cette question ancestrale sur ce moyen d'échange aux dérives excessives. L’argent est-il devenu trop cher? Quoiqu'on en pense, l'avis n'a pas de prix.

Hervé Gaudin.

jeudi 20 juin 2013

Messages personnels


Le mauvais tour de France

Amère d’avoir perdu son étoile du Berger la guidant aveuglement vers un succès annoncé d’avance, France Gall s’en prend allègrement à Jenifer, glamour et sexy à souhaits. La samba des coups bas s’emballe. Une déclaration d’amertume d’une vieille poupée qui ne se prive pas de balancer au tout-Paris sa vive colère, ne résiste pas à ma désolation. S’autoproclamant gardienne du temple du patrimoine artistique de son défunt mari, Babou* se régale à se plaindre par médias interposés. Selon ses dires, elle accuse la jeune ténébreuse d’avoir repris sans son autorisation les chansons écrites par son pygmalion perdu sans doute au beau milieu d’un paradis blanc. L’accusée se défend de ne jamais avoir été reçue. Ma neutralité à caractère helvétique me conduit à ne pas prendre parti au milieu de cette querelle puérile. Soumis à une curiosité sans limite, je me suis sacrifié à la cause en écoutant "Ma déclaration". En scrutant la pochette de cet album fardée au lipstick rouge sang, Jenifer ressemble bien plus à la provocante Lio qu’à la marraine de Babacar. Puis, en écoutant plusieurs titres avec attention, je n’ai pas réussi à m’attacher au timbre juste de sa voix qui passe à côté de l’émotion. Les arrangements faciles dénaturent les originaux comme un yahourt smoothie multifruits brise l’onctuosité d’un savoureux fromage blanc. J’ai pourtant essayé de me plonger dedans, de verser une larme salée le long de mes joues creuses, je n’y suis pas arrivé. A force de revisiter les monuments, les murs du son se défraichissent. A l’image de ses commentaires répétitifs dans l’émission «The Voice», nous savons désormais qu'elle s’imprègne plus facilement des âmes écorchées vives que des fous chantants. Elle aime se faire mal et souffrir. Je n’ai pas été étonné de trouver parmi les douze reprises, le cafardeux «Si maman si», le suicidaire «Message personnel», le revendicateur «Diego libre dans sa tête» (aux antipodes de l’interprétation émouvante de Johnny) et le mortuaire «Evidemment» (en hommage à l’ami Balavoine). Loin devant, "Poupée de cire, poupée de son" donne un élan de modernité à ce morceau vieillot. Femme fatale ou tendre ingénue, je la préfère dans ce registre. Dans l’ensemble, je déplore un manque flagrant de sincérité. Elle chante, point barre.
Parmi ses nombreuses confessions, Jenifer  clame son amour pour la groupie du pianiste qui ne l’entend pas de son oreille à l’affût des royalties susceptibles de lui échapper. Enfreindre les règles sacrées des droits d’auteur, c’est pêché! Dans ce contexte tendu, l'admiration manque légèrement de réciprocité. Grosso modo, pas de demande de droits, pas d'chocolat. Lâam qui connut son tout premier succès avec «Je veux chanter pour ceux» a pris une lame aiguisée dans le dos puisqu’elle fut également accusée de ne pas avoir eu l’autorisation de reprendre cette chanson. A son tour, quelques mots qui font mal, qui font mal. Elle n'a, elle n'a, elle n'a.. qu’à se mettre au boulot, s’entourer d’auteurs-compositeurs compétents et nous sortir une brioche moelleuse de son four éteint depuis 1992, date tragique de la disparition de celui qui chantait autour de nous. Le prince des vinyles donnait tout pour une musique écrite pour adoucir les moeurs et non pour durcir les rancoeurs. Pour le coup, ça n'tient plus debout.

Hervé Gaudin.

* De son vrai prénom Isabelle, France Gall est surnommé Babou par ses proches. 

mardi 4 juin 2013

Toute sa musique qu'on aime


L’idole du jeûne
Le tocsin ténébreux sonne dans le cercle fermé des monstres sacrés. Selon un sondage inédit de BVA, 65% des français ne veulent plus entendre Johnny Hallyday. Contrairement à celui qui proclamait avec vigueur son envie d’avoir envie, l’envie n’y est plus vraiment chez ses compatriotes. Pourquoi tant de haine précipitée? Quoi sa gueule? Qu’est-ce qu’elle a sa gueule? Non, ce n’est pas vraiment sa tronche marquée par des excès à vau-l’eau, des mariages déçus et des chirurgies ratées mais des perturbateurs aimeraient qu’il la ferme pour de bon. A 70 ans, l’ex-idole des jeunes poussée au jeûne artistique semble parée à mettre le feu encore quelques années dans le cœur fertile de millions de fans si fiers de porter des tee-shirts ringards à son effigie ou affichant les écussons Harley Davidson tatoués sur leurs biceps. Les vieux garçons sexagénaires éructant des relents de bière bon marché et roulant des mécaniques continueront à croiser leurs poignets tandis que Gabrielle s’évertuera à les laisser mourir d’amour enchaînés. Certes, les incorrigibles détracteurs peuvent se complaire dans  la moquerie en parodiant comme je l’ai fait ci-dessus cette brave secte asservie à l’aura de cet artiste. Malgré tout, la scène, c’est son truc. Aujourd’hui, sa carrière se résume par 100 millions d’albums vendus, 181 tournées et je ne compte pas dans ma besace trop lourde le nombre d’évanouissements de femmes émoustillées aux premiers rangs. Excusez du peu! Même en absorbant un élixir de jouvence, nos artistes actuels n’arriveraient pas à en vendre autant. Le chanteur ne doit pas se sentir abandonné par une nation baptisée aux larmes de ses yeux brûlés par la sueur au soir d’un palais des sports en 1982 marquant à l'époque un vrai retour aux sources. Vêtu d’un ensemble en peau de bête ou d’une veste en cuir cloutée, il ne s’est jamais vraiment éloigné de l’époque du Golf-Drouot qui a fait naître Eddy Mitchell ou Jacques Dutronc. Sa rock n’ roll attitude nous embarque quoiqu’on en dise. Alors, si les mauvaises langues se réjouissent d’une retraite anticipée, Monsieur Smet trouvera toujours un bon tube à s’mettre sous la dent. Et même s’il oublie parfois de vivre, son public fidèle n’oubliera pas son nom.
Johnny Hallyday représente la figure de proue du navire musical de notre pays. Et cette figure là, elle est terrible!

Hervé Gaudin.

mardi 21 mai 2013

Hommage à celui qui n'aura jamais mon âge


Votre château dans le ciel

Cher Grégory,

Je n’imagine aucun anniversaire plus violent que ce jour maudit où la maladie infâme vous a cruellement emporté.
Si mes chroniques déversent des rivières acides sur les célébrités agaçantes du show-business, je m'abandonne à ce recueillement épistolaire marquée par la tristesse de votre disparition témoignée depuis six années par vos proches aimants, vos fidèles admirateurs, les anonymes charitables et les patients éperdument touchés par ce même fléau qui a volé votre vie. Je vous revois encore apparaître devant ma télévision et disparaître vers la lumière de nos mémoires. Tout est passé si vite. Trop vite.
Je me souviens de ce château immense, de vos camarades sevrés de gloire dans une académie aux promesses mitigées, du caractère bien trempé de vos professeurs, de ces brimades exacerbées, de ces accolades franches, de ces rivalités amicales, de cette sueur salée ruisselant sur vos yeux cernés par la fatigue, de ces notes parfaites surgissant de votre gorge, de votre souffle altéré, de ce mal invisible que vous dissimuliez avec bravoure et pudeur.
Votre combat instinctif dépasse toutes les limites de notre inconscient, se soustrait à notre ignorance puis écrase sur la route indécise nos angoisses inutiles. Je mêle mes sentiments à cette gentillesse authentique que vous ne cessez de dégager à travers les archives et les photos des magazines qui continuent à honorer votre noble parcours. Au-delà de la souffrance infligée par ces traitements inhumains que nos pires ennemis ne mériteraient de subir, vous incarnez la force indissociable de l’union qui nous rassemble autour de votre fatale révérence. Soldat de l’espoir, vous êtes tombé au «chant» de votre honneur le 30 avril 2007  sans connaître la joie d’une délivrance bienveillante.
A travers l’histoire écrite à l’encre d’un dieu faillible qui vous a lâchement abandonné, je n’approuverai jamais cette fin là. Dans votre paradis substantiel, je vous imagine à la fenêtre d’une autre bâtisse plus silencieuse. Vous y contemplez notre monde s’effondrer à chaque seconde et l'espoir grandir dans l'épreuve. Et surtout, vous chantez d'une voix claire. Votre magie incandescente continue mélodieusement à éclaircir nos âmes ternes pour nous vouer à l’essentiel: la vie est un cadeau que l’on nous a donné. Et la reprendre c’est nous tuer. Vous ne lirez pas cette lettre. Alors, je vous l'envoie machinalement vers le château de pierres bâti au milieu d’un ciel azuré où vous vous êtes réfugié.

Hervé Gaudin

NB: Grégory Lemarchal aurait eu 30 ans le 13 mai 2013.

lundi 13 mai 2013

Le camp du bonheur



Aux larmes et cætera

Les supporters l’ont rêvé, Paris l’a fait. Conforté par une couverture budgétaire de 300 millions d'euros, ce troisième titre obtenu ce dimanche 12 mai sur la pelouse lyonnaise de Gerland suscite les nombreuses interrogations des analystes au regard du spectacle si souvent décevant, du jeu alternant le prestige et le ridicule, du fair-play frôlant la honte. Bref, ça fait désordre.
Cette saison 2012-2013 fut marquée avant tout par le marché pléthorique de stars venues en masse dans la capitale ramasser l’argent bonnard du Qatar délaissant un projet sportif alléchant. A part les mercenaires trentenaires du football pécuniaire, personne n’aurait envie de fouler l’herbe humide du Parc des Princes, arène des gladiateurs footballeurs tâcleurs ou râleurs. Lyon, Marseille, Lille, Nice et Saint Etienne démontrent sans grande difficulté des ambitions intactes dans la formation efficace et le recrutement intelligent. La route menant à la prestigieuse ligue des champions ne se gagne pas à la légère ni à coups de liasses dans la liesse populaire. Le Red Bull ne suffit plus, il faut des tripes ainsi que les attributs masculins qui vont avec. Au coup de sifflet final d’une rencontre dominée par des parisiens calculateurs, les supporters ont versé quelques larmes, ont sabré un champagne pétillant à souhait et ont délibérément crié leur soulagement comme un accouchement difficile. Certes, le bébé est beau. Un titre national ne se boude pas. La commission de discipline courbera forcément le dos suite au coup d’épaule de Leonardo rempli d’égo sur l’arbitre Monsieur Castro. Une simple suspension en guise de punition. Le sujet semble définitivement clos. La classe dirigeante du Paris Saint Germain glanant un trône européen pourrait revoir ses ambitions de fièvre acheteuse dès le prochain mercato. Chelsea approche le napolitain Cavani cité depuis des semaines entières dans tous les canards déchaînés. Ibra change de voie pour négocier avec les Turinois. Verratti voit un avenir pérenne en terre madrilène. Et si Carlo leur dit «ciao bello!», Thiago le sage bousculerait ses propres idéaux. En concurrence légale, Monaco souhaite recruter à tire-larigot et anime les rumeurs de contact avec le Colombien Falcao dans une transaction approchant la bagatelle de 60 millions d’euros. Ce promu en classe business compte dans ses caisses un portefeuille russe bien épais. En conflit avec la LFP pour des raisons purement fiscales, les dirigeants monégasques semblent déterminer à gagner en justice et ainsi décrocher la queue du Mickey en 2014. Qui a dit qu'argent et football font souvent bon ménage?

Pendant ce temps au camp des loges, s’étalent les éloges tandis que les pétrodollars s'empochent. Après 19 ans d'attente, laissons les vainqueurs se taper la cloche tant que le gâteau est savoureux. Dans le football actuel, il ne suffit pas d’avoir de l’appétit, il faut avoir de l’estomac.

Hervé Gaudin.

mardi 23 avril 2013

Lettre au chanteur


Solide comme un Roch

Ma tendre moitié m’a permis d’écrire ma nouvelle chronique puisqu’elle connaît son répertoire sur le bout des lèvres. Dans le cadre de sa tournée internationale, l’Olympia accueillait Roch Voisine le plus français des Canadiens en mode "confidences". Cette dernière représentation en Europe insufflait une dynamique nous abreuvant de nostalgie et d'exaltation. Dans le public, j'y ai reconnu ces midinettes qui se chamaillaient autrefois au milieu des séances dédicacées. Je les ai retrouvées avec quelques kilos superflus et des cernes légères au coin des yeux. Toute une génération impatiente de retrouver leur idole s'égosillait à chaque morceau. D'apparence évidente, rien n'avait changé. Balades romantiques et crissements de guitares électriques agrémentaient un spectacle à l’ambiance confinée. Devant un canapé beige posé au milieu de la scène tamisée, cinq musiciens de haut vol n’ont pas volé la vedette au chouchou de ces dames. Attention, ce bel homme mûr de 50 ans n'endossait pas uniquement le rôle du séducteur; il assurait grave. Ses mélodies aux parfums mélancoliques camouflaient les sillages du temps passé. Mine de rien, ce concert marquait déjà 25 ans d'une longue carrière teintée de tubes incontournables et de reprises anglo-saxonnes interprétées entre autres dans la série d’albums Americana. Au gré de sa gentillesse palpable, Roch Voisine a su m’apprivoiser. La reprise du succès "Salut les amoureux" m’a particulièrement ému. Cette chanson sur l’amitié amoureuse ou la séparation réussie (à vous de choisir) reste le plus beau texte de Joe Dassin. Lié pour un soir à ce public fidèle, je me suis délecté de duos inattendus. Tandis qu'Isabelle Boulay servait "La berceuse du petit diable "avec une infinie douceur, Chimène Badi ajoutait une élégance vocale dans le titre chimérique "Je te serai fidèle".
De sa version revisitée de "Suspicious minds" d'Elvis Presley jusqu’à sa reprise inviolée du monument "Under the bridge" des Red hot Chili Peppers, il brisait sans conteste les codes en s'affirmant dans ce registre musical. A la fin du spectacle, cet artiste solide comme du bon vieux rock animait la salle entière avec "Johnny be Goode" de Chuck Berry. Même si Hélène n’a pas pris une ride au bord de l'eau où se reflètent encore les regards alanguis, les vieilles filles attendent désespérément que la star les enlève entre Paris et Montréal. Dans le cœur enflammé des femmes, Roch Voisine garde indéniablement une place à part et une jeunesse éternelle.

Hervé Gaudin.

vendredi 19 avril 2013

Gaillardises

Confusions ultimes
Rémi Gaillard, connu pour ses impostures et vidéos insolites confirme avoir piégé TF1 et l’émission «Confessions intimes» avec l’aide précieuse de deux comédiens. L’un se fait passer pour un fan inconditionnel qui pousse le vice à collectionner des peluches grotesques dans son appartement. L’autre joue le rôle de sa compagne excédée par son comportement puéril. En coulisses, les journalistes obligeraient les témoins à répéter les scènes plusieurs fois afin d'apporter une infime crédibilité aux situations absurdes. Hystérique ascendant foldingue aux yeux des téléspectateurs, la jeune femme pète un câble en acier trempé alors que son conjoint se complait dans son attitude de loser invétéré. En visionnant son canular sur internet, personne ne différencie le vrai du faux. Alors, qui est l'usurpateur? L'humoriste qui crée sa propre publicité en imitant un concept monté de toutes pièces ou la chaine privée qui tente astucieusement d'échapper à un énième esclandre? Malgré l’insignifiance de ce programme, on ne peut s’empêcher d’apprécier ces anonymes qui excellent dans la démesure. Personnellement, on absorbe goulûment les crises névrotiques de Sandrine atteinte de jalousie maladive  qui insulte son Jules en pleine rue piétonne car deux cagoles vêtues légèrement ont frôlé son regard. Mais ils goûteront la plénitude d'un bonheur flambant neuf grâce à la psychologue qui anime les conciliations conjugales à domicile. Vive l'électrochoc cérébral après huit ans de console et trois ans de tuning! Dans ce panel non représentatif de la population, je ne peux m’empêcher de ressentir une vive compassion envers Ginette, amassant les produits dérivés Claude François. Célibataire endurcie, elle attend impatiemment dans son fauteuil un signe de l’au-delà, une voix nasillarde, une chanson inédite loin du phare éteint d’Alexandrie et des magnolias fanés à jamais. Elle y croit mais il ne reviendra pas. En revanche, je ne peux m’empêcher de me gausser de ces titres déments: "je suis un beau gosse à 86 ans", "j'ai vu 850 concerts de Claude Barzotti", "mon chien est anorexique", "ma voiture dort dans mon salon, ma femme couche dans le garage" et enfin, "sans Johnny, ma vie est foutue". Un florilège de tocards que l’on retrouve dans une autre supercherie urbaine : Pascal le grand frère, redresseur de torts des ados en mal de vivre à cause d'une panne de wi-fi ou d’un ongle incarné. L'idée reste la même à chaque diffusion. L’éducateur se pointe à l’improviste chez une famille, sermonne les parents incapables de gérer leur autorité, fonce dans la chambre bordélique et confisque illico presto l’ordinateur portable de la racaille récalcitrante au langage fleuri. Excédé, Pascal refuse l'affront verbal, se fâche tout rouge, s’exécute par un geste belliqueux en agitant l’index en l’air, le rejeton pleure comme une madeleine et ça se termine toujours par une séance de karaté. Alors qu’un bon coup de boule suffit. Bref, le programme a lui aussi été sujet à polémiques suite à la découverte de scénarios prémâchés. Mince alors, j’y croyais autant qu’un épisode de «Plus belle la vie ». 
Alors que la première chaîne se console avec cette maxime: à force de faire n’importe quoi, on finit par se faire avoir par n’importe qui.
Hervé Gaudin.