mardi 1 octobre 2013

Chronique d'un enlèvement annoncé


Le crime aux deux visages
À l'annonce des aveux au compte-gouttes du meurtre de la petite Fiona, l'opinion publique s'est rapidement déchainée. Sur les réseaux sociaux se sont déversées des rivières de haine contrastant avec les nombreux messages de compassion. Dès lors, les hommages mielleux ont rapidement tourné au vinaigre. Successivement, éclosent sous nos yeux des épitaphes détestables  comme des exécutions expéditives à l’encontre de Cécile Bourgeon et de son compagnon Berkane Maklouf.
L’émotion cadencée de la mère a bouleversé l’opinion publique qui, blessée dans sa chair, s’est sentie trahie. Alors, elle attaque en toute imprudence. Puis, les moutons de Panurge n’ont pris le recul nécessaire en se jetant à cœurs perdus dans des phrases assassines. La guillotine aiguisée fît un retour peu glorieux. Assez! Le temps des bourreaux cagoulés n'a plus raison d’exister. Toute cette incitation  à la violence fait réfléchir aux dégâts collatéraux que peuvent causer des publications hâtives, irréfléchies, stupides. On ne badine pas avec la mort mais n’oublions pas que la justice ne plaisante pas non plus avec des publications pénalement délictuelles. La peine encourue est de 5000 euros d'amende et cinq ans d'emprisonnement pour l'auteur d'une publication outrancière. De la corde de pendaison au lit sanglé du condamné à mort, l'odeur macabre de la peine capitale fait froid dans le dos. Laissons la justice faire son travail.
Même si l'indignation de mes compatriotes se fond dans la légitimité, ne devenons pas à notre tour les juges d'une affaire qui nous dépassera forcément. La loi du talion ne connaît aucune limite alors imposons nous des règles morales avant que la vengeance gangrène nos rues sans toutefois renier la barbarie innommable qu’a subi l’enfant. Le procès aura lieu de toute façon. Laissons donc Fiona se reposer en paix loin de l'acharnement physique de son beau-père, des déclarations ambigües, de cette sauvagerie contemporaine. Gardons en mémoire le sourire naturel de cette fillette innocente qui devient malgré elle la marionnette articulée entre la culpabilité des parents et les justiciers de pacotille. Martin Luther King avait raison: "la race humaine doit sortir des conflits en rejetant la vengeance, l'agression et l'esprit de revanche. Le moyen d'en sortir est l'amour."
Hervé Gaudin

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