mercredi 9 octobre 2013

Une boulette extraordinaire



Cloclo sauvé des eaux?

La pendule de l’entrée s’est arrêtée sur midi mais l’horloge du temps s’est brisée dans les fichiers internes de la Générale des Eaux. En effet, les nouveaux propriétaires du fameux Moulin de Dannemois (91) ont reçu un courrier quelque peu inattendu à l’attention de Claude François l’invitant à vérifier les canalisations de sa maison.
Sacrebleu! Ne savaient-ils pas que le chanteur à paillettes et aux cols pelle à tarte étrenne ses oripeaux au paradis des chanteurs tragiquement disparus depuis le 11 mars 1978? Si les gestionnaires fonctionnent encore au Minitel, le 3615 code Alexandrie a disparu dans les profondeurs des mises à jour au même titre que Lizzy Mercier-Descloux, condamnée à se demander où sont passées les gazelles?
Cette bourde administrative prête à sourire mais les fans inconditionnels fort bien conditionnés ne partagent pas cet avis. Scandalisés, ils ont brandi un étendard de contestation sur leurs réseaux sociaux tel le drapeau noir lacéré d’un drakkar viking bravant les tempêtes ravageuses sur les eaux sombres de la mer Baltique. A l’abordage contre le sabordage de sa mémoire injuriée! Si l’EDF avait convié notre Cloclo national à changer de place l’ampoule de la salle de bain, nous aurions atteint les cimes de l’opprobre.
Dans le jeu des gaffes imaginaires, une prospection téléphonique au domicile de Mike Brant vanterait les effets bénéfiques d’un double vitrage. Joëlle du groupe « il était une fois » disparue en 1982 dans des vapeurs toxicomanes, recevrait un prospectus publicitaire des nouveaux matelas moelleux de la marque Bultex. Pour ceux qui ont trop souvent rêvé d’elle, sachez que l’artiste dort profondément depuis trente longues années. Pire encore, Weight Watchers convierait Carlos à un séminaire sur les déjeuners sur le pouce.
Ce billet d’humour noir me rappelle de prévenir mon opérateur téléphonique au cas où je passerai l’arme à gauche avant de changer mon forfait mobile. Pour le moment, je compte vous délecter de mes chroniques en illimité, en France métropolitaine et à l’étranger. Un jour, mon compte  fermera à  double tour et à l’image des groupies de Claude François, j’espère que vous ne m’oublierez pas.


Hervé Gaudin.

mardi 1 octobre 2013

Chronique d'un enlèvement annoncé


Le crime aux deux visages
À l'annonce des aveux au compte-gouttes du meurtre de la petite Fiona, l'opinion publique s'est rapidement déchainée. Sur les réseaux sociaux se sont déversées des rivières de haine contrastant avec les nombreux messages de compassion. Dès lors, les hommages mielleux ont rapidement tourné au vinaigre. Successivement, éclosent sous nos yeux des épitaphes détestables  comme des exécutions expéditives à l’encontre de Cécile Bourgeon et de son compagnon Berkane Maklouf.
L’émotion cadencée de la mère a bouleversé l’opinion publique qui, blessée dans sa chair, s’est sentie trahie. Alors, elle attaque en toute imprudence. Puis, les moutons de Panurge n’ont pris le recul nécessaire en se jetant à cœurs perdus dans des phrases assassines. La guillotine aiguisée fît un retour peu glorieux. Assez! Le temps des bourreaux cagoulés n'a plus raison d’exister. Toute cette incitation  à la violence fait réfléchir aux dégâts collatéraux que peuvent causer des publications hâtives, irréfléchies, stupides. On ne badine pas avec la mort mais n’oublions pas que la justice ne plaisante pas non plus avec des publications pénalement délictuelles. La peine encourue est de 5000 euros d'amende et cinq ans d'emprisonnement pour l'auteur d'une publication outrancière. De la corde de pendaison au lit sanglé du condamné à mort, l'odeur macabre de la peine capitale fait froid dans le dos. Laissons la justice faire son travail.
Même si l'indignation de mes compatriotes se fond dans la légitimité, ne devenons pas à notre tour les juges d'une affaire qui nous dépassera forcément. La loi du talion ne connaît aucune limite alors imposons nous des règles morales avant que la vengeance gangrène nos rues sans toutefois renier la barbarie innommable qu’a subi l’enfant. Le procès aura lieu de toute façon. Laissons donc Fiona se reposer en paix loin de l'acharnement physique de son beau-père, des déclarations ambigües, de cette sauvagerie contemporaine. Gardons en mémoire le sourire naturel de cette fillette innocente qui devient malgré elle la marionnette articulée entre la culpabilité des parents et les justiciers de pacotille. Martin Luther King avait raison: "la race humaine doit sortir des conflits en rejetant la vengeance, l'agression et l'esprit de revanche. Le moyen d'en sortir est l'amour."
Hervé Gaudin