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Notre Louis dort
Notre Louis dort
A
l’annonce de sa disparition le 27 janvier 1983, la France est devenue orpheline du comédien le plus célèbre de l’hexagone loin devant Fernandel,
Bourvil, Noiret, Serrault ou Ventura. Fufu ne
peut pas mourir! Qu’allons-nous devenir? Juste de pauvres piétons démunis sur le
chemin sinueux qui conduit au cimetière des artistes.
Incontestablement,
ses esclandres démesurés, ses grimaces inimitables, ses répliques cultes, ses
colères elliptiques, ses gestes démesurés ont une place à part dans la
mémoire collective. Comme une sorte d’intouchable. Oui, on ne touche pas à son
œuvre débordante de richesses inestimables où l’on entendrait presque le sou
doré manquant à sa précieuse cassette rouler sous le lit douillet de Don
Salluste à peine réveillé par la voix murmurée de son valet
bienveillant. En évoquant de Funès, des personnages peints avec une
délicatesse caricaturale de notre société jaillissent devant nos yeux. Du
patron tyrannique à l’aimable paysan, du pingre au raciste de bas étage, la dimension dramatique ne s’arrête pas à
de banales mimiques. Aujourd’hui, je l’aurais bien imaginé dans «Monsieur
Batignole» ou «Des hommes et des dieux». Pas seulement pour surfer
sur la mode facile du contre-emploi mais parce qu’il était imprégné d’une dramaturgie
évidente. On la retrouve volontiers dans le monologue satiné de «L’aile
ou la cuisse» où les mots égalent la noblesse de ce verre de
Saint-Julien, Château Léoville Las Cases de 1953.
De Funès, c’est aussi un tableau d’acteurs oubliés. La vague déferlante de jeunes humoristes ambitieux au talent contestable ne les a pas épargné. Je pense aussitôt à Maurice Biraud, Dany Carrel, Robert Dhéry, Paul Préboist, Mario David, Agathe Natanson ou Henry Guybet. En ce jeudi 31 juillet à l’heure où un soleil d’été sème une zizanie caniculaire, il aurait eu cent ans. Pour héritage, il nous laisse le fauteuil vide d’un humour que l’on ne verra plus jamais. Notre Louis repose dans son village du Cellier depuis vingt ans déjà. La comédie a assez duré. Reviens Louis, il est l’or de se réveiller.
De Funès, c’est aussi un tableau d’acteurs oubliés. La vague déferlante de jeunes humoristes ambitieux au talent contestable ne les a pas épargné. Je pense aussitôt à Maurice Biraud, Dany Carrel, Robert Dhéry, Paul Préboist, Mario David, Agathe Natanson ou Henry Guybet. En ce jeudi 31 juillet à l’heure où un soleil d’été sème une zizanie caniculaire, il aurait eu cent ans. Pour héritage, il nous laisse le fauteuil vide d’un humour que l’on ne verra plus jamais. Notre Louis repose dans son village du Cellier depuis vingt ans déjà. La comédie a assez duré. Reviens Louis, il est l’or de se réveiller.
Hervé Gaudin.