vendredi 29 novembre 2013

L'âge de glace



La piste sans étoiles

En piste ça glisse mais pas forcément au pays des merveilles. Critiquée sur les réseaux sociaux, la nouvelle télé-réalité de M6 n'a pas gelé les doutes fondés dès le départ. Malgré un décor sympa, coloré, moins froid que nos patinoires humides en île-de-France, le spectacle s'est essoufflé très rapidement. Le concept honteusement copié sur "Danse avec les stars" a fort mal débuté suite au forfait de Marion Bartoli remplacée au pied levé par Tatiania Golovin, blessée par malchance pendant les entraînements. Se sont ajoutés les déboires physiques de Merwan Rim qui a tâté du hockey durant sa jeunesse et Norbert Tarayre bien plus à l'aise devant les fourneaux que sur un salchow. Ces pépins express ont  bien entaillé l'image fragilisée du programme.
Sur la forme proprement dite, copier c'est bien mais coller c'est mieux. La danse de salon ne ressemble pas au patinage artistique. Ce sport devient beau lorsqu'il est bien pratiqué. Regarder des novices se dandiner à chaque pas hésitant s'avère ennuyeux. La marche de l'empereur se savoure davantage sur une banquise. Outre une technicité à part entière, évoluer seul ou à deux sur la glace demande un équilibre incroyable, un travail éreintant et par-dessus tout, une dévotion absolue pour cette matière insensée qui fout la trouille.
Parmi les coaches, Philippe Candeloro, figure emblématique de ce sport tire son épingle du jeu. Grace à sa bonhomie, ses connaissances pointues, son humour potache et sa mauvaise foi, il emballe le public à chaque intervention. Le costume lui sied à merveille. Et pourquoi ne pas avoir tenté de le propulser au rang de présentateur? Même si le sourire charmeur de Stéphane Rotenberg enchante la ménagère de moins de 50 ans, il se perd un peu dans des commentaires interminables à chaque prestation.
En arrière plan, un jury silencieusement suspect se contente de voter. Après l'école des fans, voici l'école des fanés ou la renaissance ponctuelle de vieilles gloires oubliées. Certains font la tronche, d'autres affichent un sourire crispé. Ça ressemble vraiment à la réalité.
Sous les spotlights, Clara Morgane reine de la cabriole dans des films inavouables s'est montrée gracieuse dans un rôle de voltigeuse. Trois secondes de glisse ne parviennent pas à me convaincre. D'emblée ma préférence se porte pour sur Florent Torres, impressionnant de facilité. Quand on a joué dans la comédie musicale Dracula, rien de plus normal que de garder son sang froid.
Kenza Farah paralysée par l'ampleur de la tâche affiche un potentiel prometteur. Pour cela, elle devra accepter l'approche tactile en couple et surmonter sa peur. Sinon, c'est la gamelle dans tous les sens du terme.
Les spécialistes émérites sont probablement restés de glace devant leur écran plasma car l'émotion n'est palpable à aucun moment. La chanson "Femmes je vous aime" interprété par le cuisto rigolo ne m'a pas donné la lame à l'œil. Trop de raideur ne font battre le cœur.
Ce programme un tantinet improvisé s'avère au final beaucoup trop long. En plus, on doit se coltiner des "after". On y raconte les coulisses souvent anodines, les fous rires, les pleurnicheries et les enfantillages. Tatiana Golovin sous la douche me paraîtrait bien plus reluisant.
Enfin, Surya Bonaly faussement sévère et Gwendal Peizerat trop lisse n'ont guère pesé sur la balance. Leur présence manquait simplement de mordant. J'ai détesté voir Sarah Abitbol éliminer son élève. Pourquoi ne pas se contenter du vote du public ou du trucage avancé?
Le concept bâclé gagnerait à être corrigé  en y ajoutant des défis et en supprimant les ballets inutiles sans toutefois transformer le programme en Intervilles pour débiles boiteux.
Les meilleurs devraient logiquement évoluer jusqu'au bout de l'ennui. À moins que le miracle se produise.
En attendant, Ice show devant!

Hervé Gaudin

mardi 19 novembre 2013

Jusqu'au bout du rêve



Pourquoi le Brésil?

Si le titre du roman de Christine Angot m’inspire une réflexion mûrie depuis mon esprit vif et sportif, ce n’est certainement pas le fruit du hasard.
L’équipe de France bafouée en terre ukrainienne devra se racheter bien plus qu’une conduite de balle pour espérer s’envoler vers le pays de la samba, de Gilberto Gil et du Christ de Corcovado. Alors voilà, pourquoi le Brésil? Nos bleus éclaboussés par la fuite honteuse de leur responsabilité en Afrique du Sud et par un match à oublier vendredi dernier, devront sortir l’artillerie lourde afin d’évincer les doutes persistants sur leur envie viscérale de se qualifier pour la plus glorieuse des compétitions. Nous rêvons tous de cet exploit salvateur, du moment parfumé aux essences de sueur et de terre, de ces trois ballons plantés au fin fond des filets adverses. Cependant, la majorité de nos compatriotes condamnent le manque de ferveur patriotique au sein de cette sélection et pour le coup se satisferont d’une défaite tricolore. Selon eux, nos Bleus ne méritent pas de représenter notre pays en Coupe du Monde. Les spécialistes accoudés au bar PMU du coin reprochent aux joueurs de mépriser l’hymne tandis que nos rugbymen s’égosillent fièrement à Eden Park ou dans l’enceinte de Twickenham. Le monde de l’ovalie regorge de vrais supporters, d’hommes, de femmes et d’enfants qui froissent leurs drapeaux dans la victoire et la défaite. A chaque rencontre, ils se saluent, se congratulent, chantent et pleurent ensemble. Peu importe l’issue d’un match, l’important est d’être là. Nos footballeurs auront à cœur de défendre leurs couleurs à domicile. J’en suis convaincu. Ne laissons pas le temps effacer les bons souvenirs, ne laissons pas les remords envahir nos esprits abattus par un regrettable épilogue, ne laissons pas l’amertume baigner dans nos veines. Dans les tribunes et sur le terrain, formons nos bataillons. Levons nous et marchons tout droit vers un but commun: l’honneur.
Alors pourquoi le Brésil? Tout simplement parce que nous sommes fiers d’être français.

Hervé Gaudin.