vendredi 25 mars 2016

La dame du haut de Murat-le-Quaire



Les maisons du bonheur


À Murat-le-Quaire, passez la porte de la maison de la Toinette. Elle vous accueillera les bras ouverts pour vous conter sa vie auvergnate.
Pris dans le sillage ombragé des photos et des films d'époque, les mots de cette paysanne emprunts d'émotion vous emmènera au XIXème siècle.
Entre ciel et terre, elle vous dira que son quotidien était rude mais pas moins heureux.
Le coeur y trouvait sa place entre le feu crépitant d'une veillée hivernale et la paille sèche endormie sur une charrette.
Son amour des bêtes ne demeure pas moins important que l'affection des gens qui ont croisé sa route. Une route rocailleuse où le temps d'une visite, la mémoire de cette femme s'est figée jusque dans la pierre de sa maison.

A quelques pas de ce scénomusée aux couleurs d'antan, Julien, un lointain descendant de Toinette Chaumard, vous conviera dans sa grange qu'il a rebâti à force de travaux et de courage.
Éloigné de sa compagne Catherine, institutrice à Lens, son Auvergne natale lui porte l'espoir de se reconstruire au fil des jours. 
Évoquant ses rencontres authentiques et touchantes illustrées par les dessins du vieux Joseph, Julien ne partage pas que ses souvenirs, il prend des nouvelles de son passé.

Hervé Gaudin

vendredi 18 mars 2016

Le dîner de comptes

©theatredelarenaissance.com


Femme, je vous hais

Et si vous aviez soudain l'envie de supprimer froidement votre mère méchante et détestable?
Flo, l'aîné de trois enfants, songe à mener ce sinistre projet à terme.
Soumis à un odieux chantage, Fanny sa sœur cadette boulimique et mal dans sa peau soutenue par Ben, le petit dernier désinvolte et hypersensible, n'adhèrent pas à ce plan machiavélique... jusqu'au moment où Marie-France, la matriarcale sorcière sonne à l'appartement. 
Révélations et vérités difficiles à entendre fuseront au gré de répliques crues, cinglantes, acides mais irrésistibles.

Eva Darlan, Frédéric Bouraly, Maud Le Guénédal et Erwan Creignou offrent une prestation de prestige à tel point que la pièce m’a semblé trop courte.
Derrière le jeu d'acteurs d'exception se cache un vrai sujet de société où s’immisce une émotion palpable.
L'instinct maternel est-il forcément inné? Une mère a-t-elle le droit de sortir de l'absurdité des conventions, des clichés quand la vieillesse ne l'autoriserait plus à vivre sa vie de femme? Et, par-dessus tout, doit-elle sacrifier sa vie pour ses enfants au détriment de son propre bonheur?
A travers ces interrogations, sexe, alcool et salsa deviennent alors les marottes de cette femme indigne aux yeux de ses enfants qui vont en prendre plein leur grade.

Cette comédie grinçante fait penser à l’incontournable Tatie Danielle d’Etienne Chatiliez par le traitement de fond du sujet, par la cruauté émergeante des personnages, par le simple fait de se reconnaître (de près ou de loin) dans les sentiments éprouvés.

J'ai particulièrement aimé l'audace de la mise en scène d’Eric Civanyan ponctuant les scènes de complots dans la cuisine et les règlements de compte dans la salle à manger dans une alternance d’obscurité et de lumière. Le décor blanc aux allures de ruines peut s'interpréter comme une métaphore existentielle d'une fratrie qui ne demande qu'à se reconstruire.... ou à se détruire définitivement.

Entre vin rouge et vodka, ce "Conseil de famille" goupillé par Amanda Sthers et Morgan Spillemaecker nous sert pendant 1h30 un cocktail explosif que l'on boit comme du petit lait.

Hervé Gaudin.

lundi 7 mars 2016

Folle Amanda



©michodiere.com

Cécile de France

  
Aux urnes citoyens ! Quand la Ministre de la jeunesse et des sports annonce à la presse sa candidature aux prochaines présidentielles, c’est à nouveau la panique totale au sein de son entourage.
Prise entre deux jeux, Cécile Bouquigny (Amanda Lear) imposera son caractère de femme très libérée et un brin déjantée pour incarner le vrai changement.
En un mot comme en cent, elle imposera son style dénué de toutes conventions même si elle doit dire adieu au léopard pour adopter le tailleur pour dames.
Entre les conseils avisés de son chef de cabinet autant psycho rigide qu’autoritaire secondé par son mari, chef de communication, sa petite fille enceinte jusqu’aux dents et l’époux de cette dernière, Cécile mènera tambour battant cette longue campagne à la présidence.
Mais voilà, cette candidature est-elle vraiment sérieuse ou la conséquence d’une malheureuse déclaration ?

Dans un rythme effréné, les petits mensonges en famille tenteront de déjouer les coups bas des adversaires politiques. Les répliques fusent, les comédiens assurent, le rire perdure.
La mise en scène originale de Raymond Acquaviva nous assigne à la bonne humeur communicative. On y croirait presque.
Comme dans la pièce précédente “Panique au Ministère”, Amanda Lear impose son ton sarcastique. Elle n’épargne personne au gré d’une raillerie inimitable sans aucune vulgarité.
Le personnage de Cécile Bouquigny pourrait s’inspirer de l’incontournable Patsy du soap anglo-saxon “Absolutely famous”. Entourée de comédiens au talent accompli, elle nous régale de sa folie ordinaire, nous bouscule, nous affole, nous épate.

Avec ou sans bulletin de vote, « La candidate » au théâtre de la Michodière sera forcément l’élue de votre cœur.


Hervé Gaudin