vendredi 18 mars 2016

Le dîner de comptes

©theatredelarenaissance.com


Femme, je vous hais

Et si vous aviez soudain l'envie de supprimer froidement votre mère méchante et détestable?
Flo, l'aîné de trois enfants, songe à mener ce sinistre projet à terme.
Soumis à un odieux chantage, Fanny sa sœur cadette boulimique et mal dans sa peau soutenue par Ben, le petit dernier désinvolte et hypersensible, n'adhèrent pas à ce plan machiavélique... jusqu'au moment où Marie-France, la matriarcale sorcière sonne à l'appartement. 
Révélations et vérités difficiles à entendre fuseront au gré de répliques crues, cinglantes, acides mais irrésistibles.

Eva Darlan, Frédéric Bouraly, Maud Le Guénédal et Erwan Creignou offrent une prestation de prestige à tel point que la pièce m’a semblé trop courte.
Derrière le jeu d'acteurs d'exception se cache un vrai sujet de société où s’immisce une émotion palpable.
L'instinct maternel est-il forcément inné? Une mère a-t-elle le droit de sortir de l'absurdité des conventions, des clichés quand la vieillesse ne l'autoriserait plus à vivre sa vie de femme? Et, par-dessus tout, doit-elle sacrifier sa vie pour ses enfants au détriment de son propre bonheur?
A travers ces interrogations, sexe, alcool et salsa deviennent alors les marottes de cette femme indigne aux yeux de ses enfants qui vont en prendre plein leur grade.

Cette comédie grinçante fait penser à l’incontournable Tatie Danielle d’Etienne Chatiliez par le traitement de fond du sujet, par la cruauté émergeante des personnages, par le simple fait de se reconnaître (de près ou de loin) dans les sentiments éprouvés.

J'ai particulièrement aimé l'audace de la mise en scène d’Eric Civanyan ponctuant les scènes de complots dans la cuisine et les règlements de compte dans la salle à manger dans une alternance d’obscurité et de lumière. Le décor blanc aux allures de ruines peut s'interpréter comme une métaphore existentielle d'une fratrie qui ne demande qu'à se reconstruire.... ou à se détruire définitivement.

Entre vin rouge et vodka, ce "Conseil de famille" goupillé par Amanda Sthers et Morgan Spillemaecker nous sert pendant 1h30 un cocktail explosif que l'on boit comme du petit lait.

Hervé Gaudin.

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