Aux larmes
et cætera
Les supporters l’ont rêvé, Paris l’a fait.
Conforté par une couverture budgétaire de 300 millions d'euros, ce troisième
titre obtenu ce dimanche 12 mai sur la pelouse lyonnaise de Gerland suscite les nombreuses
interrogations des analystes au regard du spectacle si souvent décevant, du jeu
alternant le prestige et le ridicule, du fair-play frôlant la honte. Bref, ça
fait désordre.
Cette saison 2012-2013 fut marquée avant tout par le marché
pléthorique de stars venues en masse dans la capitale ramasser l’argent bonnard
du Qatar délaissant un projet sportif alléchant. A part les mercenaires
trentenaires du football pécuniaire, personne n’aurait envie de
fouler l’herbe humide du Parc des Princes, arène des gladiateurs footballeurs
tâcleurs ou râleurs. Lyon, Marseille, Lille, Nice et Saint Etienne démontrent
sans grande difficulté des ambitions intactes dans la formation efficace et le
recrutement intelligent. La route menant à la prestigieuse ligue des
champions ne se gagne pas à la légère ni à coups de liasses dans la liesse
populaire. Le Red Bull ne suffit plus, il faut des tripes ainsi que les
attributs masculins qui vont avec. Au coup de sifflet final d’une
rencontre dominée par des parisiens calculateurs, les supporters ont versé
quelques larmes, ont sabré un champagne pétillant à souhait et ont délibérément
crié leur soulagement comme un accouchement difficile. Certes, le bébé est
beau. Un titre national ne se boude pas. La commission de discipline
courbera forcément le dos suite au coup d’épaule de Leonardo rempli d’égo sur
l’arbitre Monsieur Castro. Une simple suspension en guise de punition. Le sujet semble définitivement clos. La classe
dirigeante du Paris Saint Germain glanant un trône européen pourrait revoir ses ambitions de fièvre acheteuse dès le prochain mercato. Chelsea
approche le napolitain Cavani cité depuis des semaines entières dans tous les
canards déchaînés. Ibra change de voie pour négocier avec les Turinois.
Verratti voit un avenir pérenne en terre madrilène. Et si Carlo leur dit «ciao
bello!», Thiago le sage bousculerait ses propres idéaux. En concurrence légale, Monaco souhaite recruter à tire-larigot et anime les rumeurs de contact avec le Colombien Falcao dans une transaction approchant la bagatelle de 60
millions d’euros. Ce promu en classe business compte dans ses caisses un portefeuille russe bien épais. En conflit avec la LFP pour des raisons purement fiscales, les dirigeants monégasques semblent déterminer à gagner en justice et ainsi décrocher la queue du Mickey en 2014. Qui a dit qu'argent et football font souvent bon ménage?
Pendant ce temps au camp des loges,
s’étalent les éloges tandis que les pétrodollars s'empochent.
Après 19 ans d'attente, laissons les vainqueurs se taper la cloche tant que le
gâteau est savoureux. Dans le football actuel, il ne suffit pas d’avoir de
l’appétit, il faut avoir de l’estomac.
Hervé Gaudin.
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