mardi 23 avril 2013

Lettre au chanteur


Solide comme un Roch

Ma tendre moitié m’a permis d’écrire ma nouvelle chronique puisqu’elle connaît son répertoire sur le bout des lèvres. Dans le cadre de sa tournée internationale, l’Olympia accueillait Roch Voisine le plus français des Canadiens en mode "confidences". Cette dernière représentation en Europe insufflait une dynamique nous abreuvant de nostalgie et d'exaltation. Dans le public, j'y ai reconnu ces midinettes qui se chamaillaient autrefois au milieu des séances dédicacées. Je les ai retrouvées avec quelques kilos superflus et des cernes légères au coin des yeux. Toute une génération impatiente de retrouver leur idole s'égosillait à chaque morceau. D'apparence évidente, rien n'avait changé. Balades romantiques et crissements de guitares électriques agrémentaient un spectacle à l’ambiance confinée. Devant un canapé beige posé au milieu de la scène tamisée, cinq musiciens de haut vol n’ont pas volé la vedette au chouchou de ces dames. Attention, ce bel homme mûr de 50 ans n'endossait pas uniquement le rôle du séducteur; il assurait grave. Ses mélodies aux parfums mélancoliques camouflaient les sillages du temps passé. Mine de rien, ce concert marquait déjà 25 ans d'une longue carrière teintée de tubes incontournables et de reprises anglo-saxonnes interprétées entre autres dans la série d’albums Americana. Au gré de sa gentillesse palpable, Roch Voisine a su m’apprivoiser. La reprise du succès "Salut les amoureux" m’a particulièrement ému. Cette chanson sur l’amitié amoureuse ou la séparation réussie (à vous de choisir) reste le plus beau texte de Joe Dassin. Lié pour un soir à ce public fidèle, je me suis délecté de duos inattendus. Tandis qu'Isabelle Boulay servait "La berceuse du petit diable "avec une infinie douceur, Chimène Badi ajoutait une élégance vocale dans le titre chimérique "Je te serai fidèle".
De sa version revisitée de "Suspicious minds" d'Elvis Presley jusqu’à sa reprise inviolée du monument "Under the bridge" des Red hot Chili Peppers, il brisait sans conteste les codes en s'affirmant dans ce registre musical. A la fin du spectacle, cet artiste solide comme du bon vieux rock animait la salle entière avec "Johnny be Goode" de Chuck Berry. Même si Hélène n’a pas pris une ride au bord de l'eau où se reflètent encore les regards alanguis, les vieilles filles attendent désespérément que la star les enlève entre Paris et Montréal. Dans le cœur enflammé des femmes, Roch Voisine garde indéniablement une place à part et une jeunesse éternelle.

Hervé Gaudin.

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