mardi 16 février 2016

Le miracle de Noël


©theatre-des-varietes.fr

Curriculum vital


Au lever du rideau, un salon d'appartement simple et intimiste sert de décor principal. Puis, une peinture de la société urbaine à travers trois personnages raconte une histoire aux allures d'un conte de fée moderne.

Sarah (Fanny Guillot) donne l'apparence d'une pauvre petite fille riche qui voit le monde s'écrouler à sa première désillusion amoureuse mais son cœur en or la libère de tous préjugés.
Catherine (Corinne Touzet) est une mère célibataire qui malgré sa réussite sociale porte son quotidien à bout de bras et conçoit la vie comme une bataille quotidienne.
Michel (Christian Vadim), un sans-abri à la voix tremblotante trouve refuge sur son palier devant leur porte d'entrée.
Le destin va les réunir le temps d'un repas de noël où naîtront des révélations intérieures.

Dans une succession de chapitres, le jeu vire perpétuellement du rire à l'émotion et de l'émotion au rire sur un fond social fort.
Le spectateur ne se sent jamais abandonné. Au contraire, il est absorbé dans cette atmosphère chaleureuse et tendue.
D'emblée, j'ai eu le sentiment d'assister à une histoire féministe par le rôle dynamique, moderne, parfois rude incarné par Corinne Touzet. Son personnage autoritaire laissera place à plus de tendresse. Elle sublime chaque phrase, chaque geste.
Catherine fragile en dedans, forte en dehors se dévoile peu à peu.
Michel incarne l'homme enfant. Naïf et bienveillant, il s'excuse presque de recevoir tant de générosité.
J'ai perçu en Michel un personnage de Brel. La chanson "quand on a que l'amour" interprétée avec une certaine ironie n'est pas anodine. Je l'aurais bien vu apporter des bonbons tellement sa bonté transpire. Dans ce registre non caricatural, Christian Vadim nous propose une interprétation de choix qui m'a bouleversé.
Sarah unira ces deux êtres emprunts de solitude comme un lien originel, un maillot fort, le "puéril" jeune à la sauce Klapisch.
En Fanny Guillot pousse indéniablement une graine de révélation théâtrale.

La mise en scène d'Antoine Rault est ordonnée, si juste, à fleur de mots. J'ai aimé le texte épuré. J'ai été touché par la précision des dialogues. Les mots piquent au coeur au moment où l'on ne s'y attend pas. On sourit, on rit et la gorge se noue de sanglots.

La fin de la pièce laisse présager d'une suite. Pour un autre départ?

Hervé Gaudin

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