mardi 29 janvier 2013

Sport



Le flair de Lance


Quand dopage rime avec dépistage, moi je dis dommage. Le roi de la petite reine est tombé de son trône suite à la sanction irréfutable de l’UCI (Union cycliste internationale) obligeant l’ex faux champion à rendre ses sept titres remportés au Tour de France entre 1999 et 2005. Je pense à la Miss Champs Elysées, souriante et enjôleuse, offrant sa couronne fleurie sur un podium submergé par une salve d’applaudissements. Devra-t-elle reprendre le lion en peluche, mascotte câline accrochée au bras du vainqueur digne mais jamais hautain face à cette foule émerveillée?
En guise de prime de licenciement pour faute grave, une radiation à vie le prive à jamais de ce sport qui enchante nos beaux villages reclus et nos routes de campagnes ensoleillées chers à Didier Barbelivien dans l’une de ses chansons. Le chevalier jaune débouté du royaume de France ne remontera jamais sur son destrier en fibre de carbone. Pire encore, son pays d’origine ne badine pas avec la triche lui promettant un séjour en tôle. Cette étape risque de froisser son image sévèrement.
Casquette sombre vissée sur la tête, lunettes fumées éclipsant un regard terne, un visage marqué par le remord, Lance Armstrong a chuté de son vélo comme un vulgaire amateur imaginant qu’il pensait tenir le monde du cyclisme entre ses roues libres de tout soupçon. Depuis l’affaire Festina en 1998, le milieu averti mène une course contre la montre perdue d’avance face au dopage dit invisible. Comme la boisson gazéifiée et sucrée, ça ressemble à du dopage, ça pédale à l’allure du dopage et pourtant, on ne se dope plus, bizarre, non? La pédale dure devient plus douce avec des substances illicites. L’EPO (de son nom savant l’Erythropoïétine) a donné des ailes à l’ange déchu et fatalement déçu d’être pointé du doigt. Malheureusement la chaîne élémentaire s'est enrayée et Armstrong garde la tête dans le guidon. Sauf qu'aujourd'hui il ne reste personne pour le guider. Lance a manqué de flair sur son avenir des plus obscurs et devra battre le pavé. Le procès de Richard Virenque à côté, c’était une chaude pisse dans un tube à essai.
En parallèle, ses déboires financiers le conduiront sur le mont ventouse. Une bonne liposuccion de son argent gagné salement. L’astronaute a marché sur la lune et le coureur devra rembourser la thune. Tintin! lui répondront ses généreux sponsors. Nike a rompu leur contrat dès la suspension officielle du Texan. A l’instant où le cyclisme moderne lave plus blanc, il se retrouve dans de beaux draps. Le dopé a cru duper le monde professionnel qui par conséquent souhaite vivement fermer la grande boucle de ce fléau avilissant dans le but d’en faire un exemple. Que les éventuels filous soient d’ores et déjà prévenus: quand on sale trop la soupe*, on finit toujours par la recracher.


Hervé Gaudin.

* saler la soupe: se doper

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