mardi 5 mars 2013

Sitcom

 Débile idylle

Toute une génération innocente se sent bafouée suite à la diffusion choquante d'un teaser de la nouvelle saison du sitcom «Les mystères de l'amour» sur TMC. Annette la bigleuse (Magalie Madison) n'a pas uniquement lâché ses nattes torsadées. Elle s'est lâchée tout court. Le temps de l’innocence à fleur de pouffe, des happy hours interminables après les cours, des cachotteries mesquines et des jalousies de basse-cour, est bel et bien révolu. Monsieur Girard (Bruno Le Millin), désormais veuf et australien d'adoption repoussait autrefois les avances feutrées de l'adolescente pot de colle. Les temps changent et les hormones mâles s’emballent grave. Les mêmes scénaristes à l’imagination débordante n'ont rien trouvé de mieux que de les acoquiner dans une scène très explicite dans un lit conjugal. Et oui mes amis lecteurs, Annette couche avec le daron de sa meilleure amie Justine. Depuis, elle s’est émancipée en s’autorisant face caméra des dérapages plus ou moins contrôlés. Aux antipodes des premiers émois dissous dans des frissons corporels, des yeux pétillants, de la guimauve étriquée dans des niaiseries pubertaires et des parties de flipper pour épater ton meilleur pote qui a des vues sur ta copine, je comprends les fans de l’époque aujourd’hui à la trentaine bien tassée: ça fout les boules! En nous jetant en pleine figure cette image moderniste de la cougar attitude, on finit par se lasser. Un paternel qui roucoule avec une jeunette, ça s’appelle comment? Je vous donnerai la réponse lorsque ma tranche d’âge dépassera la limite du sexuellement incorrect.
Assailli par les réactions en chaine, le producteur Jean-Luc Azoulay adepte du mauvais goût se défend dans Voici. Selon ses déclarations, cela n’est pas gênant dans l’absolu. Donc, je lance un appel ô combien désintéressé pour la renaissance prochaine de la série américaine «Sauvés par le gong». Le proviseur Mr Belding quitterait sa femme pour les attributs de Kelly Kapowski. Pire encore, dans la série «Le miel et les abeilles», Lola sans dote ni culotte perdrait toute confiance en elle suite à la décision du tribunal familial la privant de la garde de son fils illégitime avec Joé le coucou. Je vous l’accorde, la réalité a presque dépassé la fiction mais ça donnerait également le bourdon si ce malheur existait au coeur de la création artistique. Malgré l’évolution des mœurs, restent d’irrémédiables nostalgiques de cette sitcom rose bonbon où les seules préoccupations se focalisaient sur l’organisation d’une fête surprise ou d’une tactique à adopter afin que Jérôme se réconcilie avec Géraldine sans rendre Jalouse Deborah (Debbie pour les intimes) trop timide pour avouer ses sentiments. Tous ces amoureux du grand public se cajolaient habillés sous la couette. Ridicule mais soft. Désormais, ils sont filmés à poil l’air rêveur post fornication. Plus adéquat mais tendancieux.
L’amour décrit dans cette supercherie chimérique ne rime pas avec toujours. D’un revers de ma main leste, je balaie cette débile idylle promise aux trépas de la télévision câblée. Mon espoir se porte vers des histoires authentiques où les ébats de tourtereaux ne battent pas de l’aile.

Hervé Gaudin.

1 commentaire:

  1. Excellente critique. En effet, ça sent le gros navet de base dans le 8ème art mais il faut faire un truc qui va faire le buzz pour booster l'audimat...

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