vendredi 22 février 2013

Polémique

Dany boude?


La 38ème cérémonie des Césars du vendredi 21 février garde les relents de scandale médiatique autour des salaires exorbitants des acteurs français. “Bienvenue chez le fisc” serait une adaptation des plus truculentes suite aux sommes annoncées en comparaison avec les chiffres très décevants des entrées en salle durant l'année 2012. Après l’épisode “Intouchables”, on touche peu à peu le fond.
Certes, «Camille Redouble» de Noémie Lvovsky confirme les critiques élogieuses dans la presse. Ses treize nominations la propulsent au rang des outsiders même si «Amour» de Michael Haneke (lauréat de la Palme d’Or à Cannes) choisi pour représenter la France aux prochains Oscars, est promu au rang des favoris.
L’argent ne fait pas forcément le bonheur mais il fait gronder les envieux. Gagner des pépettes rime avec causette. Après notre Gérard national qui erre librement entre les terres européennes si accueillantes et fertiles en allégements d’imposition aux dépens de notre propre fiscalité, Dany Boon en prend pour son grade car il est nommé dans la catégorie des mieux payés en 2012. Pour un film médiocre (Un plan parfait), une simple apparition dans le dernier Astérix, quelques royalties et productions diverses, il remporte la coquette somme de 3,6 millions d’euros aussitôt démentie par voie de presse. Le Ch’timi s’est empressé de le faire savoir au Figaro. Le ton est monté, les échanges verbaux aussi chantants que les paroles de Miossec se sont enchaînés aussi rapidement que les mauvais rôles du nordiste bankable et enfin, le comédien a menacé la journaliste de ne plus donner d’interview au quotidien. Tant pis, il accordera l’exclusivité de ses interviews à la concurrence. Premièrement, on s’en tape comme le premier épisode d’Hélène et les garçons. Ensuite, j’aimerais que cet effet kick pas cool cesse de répandre cette odeur fétide sur nos cerveaux asphyxiés par ce plaisir malsain de nous rappeler que malgré une crise tenace, nos saltimbanques font sauter la banque (j’ai à cet instant une pensée émue à Monsieur Louis de Funès qui nous a quitté le 27 janvier 1983). Donc, je critique ouvertement l’attitude carnivore de certains médias accrochés à la queue du Mickey pour arracher des informations privées souvent erronées. Le spectateur lambda se moque éperdument de connaître les rémunérations de leurs stars préférées sachant que ce tabou millénaire hante les esprits traditionalistes. A l’inverse, des films de bas étage se voient accorder des budgets pharaoniques. Si les productions ne se pliaient pas également aux exigences exacerbées de certains acteurs peu crédibles, tout le monde serait gagnant. En premier lieu, le spectateur qui avale goulûment des histoires bonnes à ingurgiter le dimanche soir à 20h50.
Les têtes d’affiche parfois dénuées de charisme (ou de talent) attirent les grosses sociétés de distribution et en retour, se remplissent les poches. J’applaudirai des deux mains, des deux pieds et des deux oreilles (pratique aisée pour Monsieur Boon), le jour où un acteur assumera sans complexe ses revenus. Entre pudeur et complexe, il semble bien difficile de tracer une voie raisonnable afin de contenter l’opinion publique. Si le système bien huilé engraisse les uns et dérange les autres, Dany n’a aucune raison de bouder son plaisir puisque cela fait un bail qu’il ne m’en a plus donné.

Hervé Gaudin.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire