Le jeu de la sévérité
La Fédération
française de football a tranché dans le lard en mijotant une sanction aux
petits oignons pour cinq joueurs sélectionnés chez les Bleuets. “Espoirs! ô
désespoir! Jeunesse ennemie”, pourrait soupirer l’ensemble de la commission
bien décidée à ne pas prendre racine en éliminant les mauvaises herbes pourtant
talentueuses de notre pays fort en choc Ola! Elle n’a toujours pas avalé la
cinglante défaite en Norvège (5-3) les privant de l’Euro 2013 en Suède.
Wissam Ben Yedder (Toulouse), Antoine Griezmann (Real Sociedad), Chris Mavinga
(Rennes), Mbaye Niang (Milan AC) et le surdoué de sa génération, Yann M’Vila
(Rennes toujours et encore). Rien n’est bon dans l’breton quand tombe la
punition. Ce dernier, suspendu jusqu’en juin 2014 (ce qui lui laisse le temps
de réfléchir devant sa console de jeu) n’est pas à son premier dérapage.
Rappelé à l’ordre lors de l’euro 2012 pour avoir refusé de serrer la pogne de
son entraineur et d’un coéquipier à sa sortie de jeu, le milieu de terrain de
22 ans s’enfonce dans le pétrin par manque d’avoir été mené plus souvent à la
baguette.
Bien que son avocat s’interroge sur un éventuel recours, les hautes instances
ne lui porteront secours. Puisque le lavage à Blanc n’a pas réussi, on change
de teinturerie. Le nettoyage à sec débute dans un football sali, trahi et
trainé dans la boue honteuse depuis cette parodie de coupe du monde en Afrique
du Sud. Haré Knysna! Non, ne jetez la pierre trop loin car celle-ci finit
toujours par ricocher ailleurs. Les footeux à double nationalité iront voir si
la pelouse est plus verte ailleurs. Le fameux débat sur les joueurs français
nés à l’étranger va repointer le bout du nez.
Au football,
seuls sont autorisés les débordements sur les ailes. En dehors du terrain, les
valeurs n’acceptent pas les migrations nocturnes sinon le coq persifleur
rappelle systématiquement à l’ordre les sportifs fêtards. L’hymne de la
tentation devient celui de la détention. File dans ta chambre, vilain
garnement!
Malgré quelques valeureux défenseurs de la cause “touche pas à leur poste” qui
campent sur leurs positions, un enterrement de vie de champions semble prédire
un avenir sombre dans le football tricolore. La coupe du Monde brésilienne
semble bien lointaine à cet instant où je vous écris mes chers amis.
Ambassadeur du bien être et de l’éducation dans sa ville rustique auxerroise,
Guy Roux, bouteille de Cristaline à la main, déplore cette sanction grotesque.
Anorak bleu électrique serré jusqu’au double menton, bonnet à pompon cadenassé
sur la tête, l’entraineur-éleveur au grain de sel interdisait à ses poulbots de
caqueter la nuit dans ces endroits sordides, mixtes et alcoolisés appelés
discothèques. Qu’on se le dise, les boites de nuit deviennent irrémédiablement
des boites à ennuis. En dépit de ses interdictions, ils faisaient le mur, ne
picotaient pas du pain dur et à la place se prenaient des murges. En club, ça
passe encore. En sélection, un verre ça va. Trois verres, on renvoie les
gravats!
La tactique du gendarme Le Graët médaillé à l’incompétence, s’achemine vers une
jurisprudence des plus strictes. Son geste de déflagration dans la surface fait
l’effet d’une bombe dans le milieu bien “pansant”. Noël, rigide et inflexible,
ne fait pas de cadeaux. On ne plaisante pas avec la discipline. Jawohl mein
general!
A l’annonce de cette décision brute de coffrage, j’invite les nombreux
spécialistes du ballon rond à se joindre à moi en suggérant au futur prodige
dans son centre de déformation ce slogan audacieux: ”attention, le bar t’abat”.
Boucs émissaires à en devenir chèvre, les cinq salopés en prennent pour leur
grade en les privant des plus belles années de leur vie…. en bleu.
Hervé
Gaudin.
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