Fukushima mon
humour
Laurent Ruquier crée la polémique à propos d’une bourde de très mauvais goût
pendant son émission « ONPC » le samedi soir sur France 2. Ce dernier avait
plaisanté sur le gardien de buts à quatre bras imparable durant la rencontre
amicale entre l’équipe de France et du Japon soldée par une victoire des
valeureux visiteurs.
Un dérapage à 180 degrés lui vaut le courroux des autorités nippones qui ont
plutôt rit jaune car on ne plaisante pas avec Fukushima autant que Nagasaki ou
Hiroshima. Avec la question du nucléaire, pas question visiblement de placer un
nuage d’humour. Après l’explosion de la centrale, il semblait déraisonnable
d’ouvrir à nouveau les vannes. D’autant plus qu’au cœur de l’acidité des mots,
renaissent les brûlures du souvenir. Outrageusement blessé dans son amour
propre, les autorités n’ont pas tardé à le faire savoir. Au regard de l’ampleur
du scandale, le président de la chaine s’est immédiatement confondu en excuses
par le biais d’un communiqué de presse en nourrissant des regrets sincères et
en rappelant sa profonde amitié pour le peuple japonais. Le service public se
doit de rester politiquement correct car il représente bien plus que la
culture, il reflète l’image du gouvernement en place.
Par ce pamphlet, j’aimerais juste remettre en cause le droit à la liberté
d’expression. « La seule chose absolue dans un monde comme le nôtre, c’est
l’humour » disait le physicien théoricien Albert Einstein. Le grand débat
généraliste nous prévient allègrement que l’on ne peut pas rire de tout avec
tout le monde. Cependant, figé devant son poste, le téléspectateur est à
l’affût du moindre mot et du moindre geste de la personnalité prête à vendre
père et mère pour un bon mot. De l’autre côté, c’est ce que l’on peut appeler
la magie noire du direct; ça passe ou ça casse.
Laurent Ruquier, littéralement « saké », se défend du mieux qu’il peut en
justifiant la portée initiale de son sarcasme. Certes l’animateur connu pour
son ton potache n’a pas imaginé une seule seconde l’ampleur des dégâts causés
par une blague malheureuse. Au bord de l’incident diplomatique, ce malentendu
aurait pu coûter cher à l’animateur. Son immunité cathodique lui vaut un rappel
à l’ordre sans grandes conséquences. Sauvé par son succès incontesté, le
présentateur vedette ne sera ni sanctionné ni contraint de passer par le
supplice du hara qui rit. Un dur moment à passer qui sera vite oublié. Si à
l’avenir, le présentateur s’aventure à plaisanter sur un pays asiatique, je
l’invite à le manier avec des baguettes.
Hervé
Gaudin.
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