lundi 4 février 2013

Télévision



Fukushima mon humour


Laurent Ruquier crée la polémique à propos d’une bourde de très mauvais goût pendant son émission « ONPC » le samedi soir sur France 2. Ce dernier avait plaisanté sur le gardien de buts à quatre bras imparable durant la rencontre amicale entre l’équipe de France et du Japon soldée par une victoire des valeureux visiteurs.
Un dérapage à 180 degrés lui vaut le courroux des autorités nippones qui ont plutôt rit jaune car on ne plaisante pas avec Fukushima autant que Nagasaki ou Hiroshima. Avec la question du nucléaire, pas question visiblement de placer un nuage d’humour. Après l’explosion de la centrale, il semblait déraisonnable d’ouvrir à nouveau les vannes. D’autant plus qu’au cœur de l’acidité des mots, renaissent les brûlures du souvenir. Outrageusement blessé dans son amour propre, les autorités n’ont pas tardé à le faire savoir. Au regard de l’ampleur du scandale, le président de la chaine s’est immédiatement confondu en excuses par le biais d’un communiqué de presse en nourrissant des regrets sincères et en rappelant sa profonde amitié pour le peuple japonais. Le service public se doit de rester politiquement correct car il représente bien plus que la culture, il reflète l’image du gouvernement en place.
Par ce pamphlet, j’aimerais juste remettre en cause le droit à la liberté d’expression. « La seule chose absolue dans un monde comme le nôtre, c’est l’humour » disait le physicien théoricien Albert Einstein. Le grand débat généraliste nous prévient allègrement que l’on ne peut pas rire de tout avec tout le monde. Cependant, figé devant son poste, le téléspectateur est à l’affût du moindre mot et du moindre geste de la personnalité prête à vendre père et mère pour un bon mot. De l’autre côté, c’est ce que l’on peut appeler la magie noire du direct; ça passe ou ça casse. 
Laurent Ruquier, littéralement « saké », se défend du mieux qu’il peut en justifiant la portée initiale de son sarcasme. Certes l’animateur connu pour son ton potache n’a pas imaginé une seule seconde l’ampleur des dégâts causés par une blague malheureuse. Au bord de l’incident diplomatique, ce malentendu aurait pu coûter cher à l’animateur. Son immunité cathodique lui vaut un rappel à l’ordre sans grandes conséquences. Sauvé par son succès incontesté, le présentateur vedette ne sera ni sanctionné ni contraint de passer par le supplice du hara qui rit. Un dur moment à passer qui sera vite oublié. Si à l’avenir, le présentateur s’aventure à plaisanter sur un pays asiatique, je l’invite à le manier avec des baguettes.

Hervé Gaudin.

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